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5 février 2011 6 05 /02 /février /2011 16:47
dépêche du midi samedi 5 février 2011
Narbonne. Hôpital : le fœtus part avec le linge sale

hôpital de Narbonne

La salle de la morgue a deux entrées, celle du public sur la gauche et celle du service.Comme on peut le voir sur notre photo prise hier soir, les camions mortuaires ont un accès quasi-direct à la morgue./Photo DDM,R.L
La salle de la morgue a deux entrées, celle du public sur la gauche et celle du service.Comme on peut le voir sur notre photo prise hier soir, les camions mortuaires ont un accès quasi-direct à la morgue./Photo DDM,R.L
La salle de la morgue a deux entrées, celle du public sur la gauche et celle du service.Comme on peut le voir sur notre photo prise hier soir, les camions mortuaires ont un accès quasi-direct à la morgue./Photo DDM,R.L

C'était le 19 janvier dernier. Une maman accouche à l'hôpital d'un fœtus sans vie. Pas plus de 14 semaines. « Nous l'avons appelé Léoléa. Notre bébé est allé à l'autopsie le lendemain. L'hôpital nous a appelés mercredi 26 janvier pour nous dire qu'il était revenu et qu'il l'avait mis en chambre mortuaire » explique S., la maman, qui habite un village du Narbonnais. Comme la loi le permet, le fœtus a en effet été examiné par l'institut foetopathologique de Montpellier, notamment pour déterminer des risques pour des grossesses futures. « Le jeudi suivant nous sommes allés a l'hôpital pour récupérer des photos de lui et pour le voir, nous avons eu les photos mais nous n'avons pas pu le voir. » ajoute encore la maman. « Dans ce genre de cas, il est proposé aux familles soit de présenter le fœtus né, soit de faire des photos pour qu'ils puissent visualiser les choses et faire le travail de deuil » explique Jérôme Rumeau, directeur des soins à l'hôpital, que nous avons rencontré hier.

Mais le vendredi 28 janvier, le bébé est introuvable : « Le vendredi les pompes funèbres sont venues pour l'inhumation vers 14 h 15, car nous voulions le faire incinérer, là le bébé était introuvable, pourtant la personne des pompes funèbres a cherché partout. » Stupeur. La police nationale est alors contactée et immédiatement une enquête ouverte.

Dans le circuit de traitement du linge

Alerté, Bruno Dumas, le directeur par intérim de l'hôpital lance en urgence sa propre enquête interne et revient vers les parents pour les tenir au courant. Et les constatations, précisées par la suite sont simples et sordides : « l'agent d'entretien de l'hôpital, qui intervient pour nettoyer la morgue a outrepassé sa mission définie par sa fiche de poste. En croyant bien faire, elle a ouvert l'un des casiers mortuaires, ce qu'elle n'est pas autorisée à faire. Dans le casier, il y avait une housse et un linge molletonné plié qui selon toute vraisemblance contenait le fœtus. » rajoute le directeur de l'hôpital. Le fœtus, qui à cet âge-là n'excède pas les dix centimètres s'est alors perdu dans le circuit de traitement du linge. « Nous sommes allés fouiller les containers de déchets » avoue le directeur. « Nous avons retrouvé une housse vide. Le linge molletonné est lui évacué avec le linge sale collecté tous les jours par une entreprise extérieure. Ils ne nous ont rien signalé, mais à vrai dire nous ne les avons pas contactés non plus pour savoir s'ils avaient remarqué quelque chose ».

Hier, les parents ont appris la terrible confirmation. Initialement, ils avaient prévu de témoigner auprès de notre rédaction, comme ils le font d'ailleurs sur le blog internet qu'ils ont ouvert. Mais hier, à l'issue d'une semaine terriblement éprouvante pour eux, ils n'étaient pas joignables.


Le directeur de l'hôpital: «nous ne sommes pas fiers»

Directeur par intérim du centre hospitalier de Narbonne, Bruno Dumas a accepté de nous recevoir et a joué la totale transparence, dans les limites du secret médical, lorsque nous l'avons sollicité. « Dans la fiche de poste de l'agent d'entretien, il est expliqué qu'ils n'ont pas à ouvrir les casiers. L'agent d'entretien a donc commis une faute. Nous ne sommes pas fiers de cette affaire-là. Nous avons tout fait pour apaiser les choses. L'agent d'entretien fautif est venu présenter ses excuses aux parents. » explique Bruno Dumas qui ajoute « qu'elle a été changée de poste et fait l'objet d'une sanction disciplinaire de premier groupe ».

Les responsables de l'hôpital qui ajoutent aussi qu'il convient de ne pas accabler la personne en question, car « c'est en voulant bien faire » que celle-ci a commis cette erreur. Une personne éprouvée, par cette affaire, voire dépressive pour laquelle un suivi a été mis en place avec le médecin du travail. En parallèle à ces premières constatations, l'enquête officielle de police supervisée par le Parquet suit son cours et de nouvelles auditions auront lieu prochainement. Comme les textes de loi modifiés depuis 2008 le permettent désormais, (en vue de l'organisation d'obsèques notamment, car ne peut avoir une sépulture qu'un être humain qui est né), l'enfant mort-né non viable a été déclaré à l'état civil le 20 janvier par les parents. Il restera à déterminer s'il y a, ou pas, une faute de l'hôpital qui pourrait consister en une « non-mise à disposition du corps du fœtus ». Hier, le directeur par intérim de l'hôpital estimait qu'en droit « nous étions en capacité de refuser à la famille de récupérer le fœtus. » invoquant cette possibilité « pour les fœtus de moins de 15 semaines ». Et de rajouter « nous avions cependant accepté de le faire, par humanité ». Il est vrai que jusqu'en 2008 en France, les fœtus morts-nés de moins de 22 semaines ou moins de 500 grammes, (seuils de viabilité fixés par l'OMS) étaient généralement incinérés avec les déchets biologiques dans les hôpitaux, sans égard pour la volonté des parents.

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